Chaque fois que j'entends les pêcheurs de base parler de la carte de pêche, ils me disent qu'elle est vraiment trop chère.
Trop chère pour le peu de poissons qu'il y aurait dans nos rivières et lacs publics et trop cher pour aller 5à 6 fois à la pêche dans l'année.
Pour ceux là l'argument est de taille, car c'est vrai que pour un pêcheur débutant ou peu expérimenté la population de nos eaux gérées par les AAPPMA peut sembler plutôt faible.
Combien sommes-nous à faire des kilomètres pour trouver des eaux bien peuplées ?
Pour d'autres comme moi, qui effectue en moyenne environ 70 sorties pêche par an, le coût de revient n'est que d'environ 1,2 euros la partie de pêche pour avoir accès à plus de la moitié des départements français.
Qu'en est il donc de l'argent de nos cartes de pêche, où part il donc? Je me souviens d'un excellent article sur le sujet paru dans un numéro ancien de Prédators, malheureusement je ne l'ai pas gardé, il pointait les dysfonctionnements dans la répartition de nos adhésions, l'article était édifiant pour notre FNPF entre autres...
Une carte de pêche c'est un bulletin d'adhésion obligatoire qui nous impose d’adhérer à une association pour pêcher. Cette association à une mission d'utilité publique que je ne remets pas en question mais qui dans l'absolu reçoit nos subsides et en reverse une part à l'état. Donc cette association, comme toutes les associations sportives fédérées, sert de percepteur pour l'état.
Que fait donc l'état avec la taxe piscicole (taxe sur les milieux aquatiques)?
Il salarie l'ONEMA, police de l'eau et de la pêche qui ne dispose plus que de deux jours en moyenne par an pour contrôler les pêcheurs (demandez leur, cette info me vient de l'un des personnels de l'ONEMA).
Le reste du temps, l'ONEMA compte, étudie, verbalise les effluents agricoles, s'implique dans tous les dossiers d'aménagements du territoire en rapport avec l'eau. L'ONEMA n'est plus désormais qu'une police de l'environnement presque complètement déconnectée du monde de la pêche.
L'état reverse aussi aux agences de l'eau, aux agences de bassin, à des tas d'agences qui changent régulièrement de nom et dont la question de la réelle utilité se pose aux usagers que nous sommes.
Ainsi ces agences subventionnent des aménagements pour les sports aquatiques, des parcours de randonnée en bordure de nos rivières, les plans saumons bouffeurs de deniers publics et j'en passe.
En gros, notre argent de la taxe piscicole subventionne tout et n'importe quoi mais ne subventionne que peu notre loisir halieutique car il est intéressant de savoir que seuls les pêcheurs payent cette taxe et pas les loueurs de canoës, pas les randonneurs......
L'autre partie de notre cotisation part en direction de la fédé départementale qui reverse une part à l'AAPPMA locale, une part à la FNPF (celle qui dépense l'argent avec des pubs du genre « la pêche c'est techno ») et une dernière part à la caisse de compensation.
Celle ci est indéniablement utile et permet aux petites AAPPMA qui n'ont que 50 adhérents de pouvoir quand même engager quelques actions. Il s'agit d'un pot commun destiné à aider les plus démunis. Car rappelons le, certaines AAPPMA gèrent 20 km de rivières avec 50 membres mais ce sont deux à trois cent pêcheurs qui empruntent leur parcours, c'est la loi de la réciprocité.
Il est vrai que les parcours privés sont mieux peuplés, mieux entretenus mais à quel prix ? Combien croyez vous qu'une journée de pêche sur un parcours privé vous coutera ? (entre 4 euros pour des étangs privés et 20 euros pour les réservoirs à truite).
Pour le pêcheur lambda, la carte journalière pourrait être la solution mais son tarif reste toujours plus cher qu'un étang privé ( à titre d'info, elle est de 9,5 euros en Saône et Loire, plutôt cher non ?)
La seule solution serait de baisser le coût d'une carte journalière en faisant en sorte que le cout de 10 cartes journalières ne dépasse pas celui d'une carte annuelle ou alors on verra tous les pêcheurs non réguliers ne s'offrir que quelques parties chez des privés et quitter définitivement nos AAPPMA qui auraient bien besoin de leurs cotisations.
Continuons sur la lancée, mon épouse pêche depuis quelques années. Auparavant, pour pêcher à une ligne elle était exonérée. Désormais pour pêcher toujours à une ligne elle doit s'acquitter d'une cotisation de 30 euros, alors que moi avec 85 euros je pêche à 4 lignes, soit 21,25 euros par lignes.
Est ce là la bonne manière d'attirer les femmes à la pêche en leur faisant payer plus cher dans l'absolu ? Je crois aussi que là il y a un loupé de nos instances dirigeantes.
Beaucoup de progrès restent à faire pour démocratiser la pêche, elle en prend le chemin tout doucement mais je suis persuadé que c'est par le porte-monnaie que les pêcheurs retrouveront le bord des lacs et rivières.
A titre personnel, je serai prêt à payer 100 euros mon permis mais je suis un fou de pêche et je ne représente qu'une minorité. Ce qui ne m'empêche pas d'être à l'écoute des autres !!!
Gardez la pêche