J'avais déjà constaté les dégâts sur les berges que provoquaient les ragondins mais là je suis littéralement tombé sur le cul.
Père castor, raconte nous une histoire.....
Autun est traversée par l'Arroux, cette rivière de deuxième catégorie qui se jette dans la Loire est plutôt sauvage si l'on prend la peine de sortir des faubourgs de l'agglomération.
Il y a déjà quelques années, j'avais constaté un retour des castors dans sa partie aval et dans une zone non habitée et envahie de végétation rivulaire (trembles, aulnes). Je m'étais dit « tant mieux, ces bestioles entretiendront les berges en coupant les arbres ». Sauf que là, ils sont allés au delà de mes espérances.
Les photos suivantes ont toutes été prises samedi 12 février dernier là ou la rivière de 1ère catégorie le Ternin se jette dans l'Arroux à AUTUN au lieu dit « le vieux Moulin » près de la porte d’Arroux.
Cette zone est entièrement urbanisée soit sur la rive droite, soit sur la rive gauche et ça n’a pas empêché le castor de venir se délecter des écorces et de l'aubier de deux énormes peupliers situés en bord de rivière.
Ces peupliers ont un tronc d'un diamètre de plus de 50 cm et une hauteur d'au moins trente mètres. Ils sont condamnés à mourir ce printemps lorsque la circulation de la sève reprendra. L'arbre sèchera puis tombera où le vent le poussera, dans l'eau, chez les voisins ou sur la tête d'un passant.
J'ai constaté de visu les dégâts sur les arbres, plusieurs sont touchés, on constate également qu'il est facile de voir là ou le castor sort de l'eau pour se hisser sur la bordure et manger les écorces.
Ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant le battage médiatique qui risque d'être fait autour de ces bébêtes par nos écolos locaux (qui voudront certainement faire stopper la pêche pour ne pas déranger les castors) mais par les dégâts de plus en plus importants que ces rongeurs vont causer.
Qui sera responsable en cas de chute d'arbre, le propriétaire (en l'occurrence la municipalité autunoise) ?
J'imagine le désarroi des riverains qui doivent commencer à craindre pour leurs habitations, les jardiniers pour leurs lopins en bordure..... Parce que le castor, c'est comme le cormoran, c'est protégé.
Une fois qu'il aura fait tomber tous les peupliers, il s'attaquera à d'autres plantations chez des privés.
Que faire alors, le laisser avec le risque d'un drame humain ? A mon humble avis le bon sens paysan de certains riverains aura tôt fait de régler le problème au grand dam des verts en campagne électorale.
L'un de ces derniers à même laissé un commentaire sur le site d'un journal local en ligne (gensdumorvan.fr) en disant que c'était de notre faute à tous, en coupant la ripisylve on forçait père castor à venir se nourrir de pauvres écorces. On voit que les élections sont pour bientôt, ce candidat au cantonales aurait du faire quelques pas pour constater que la végétation rivulaire est très développée en amont et en aval de ce point.
Le castor est quand même le plus grand rongeur européen (plus gros que le ragondin), il habite généralement dans des huttes en branches ou dans des terriers creusés dans les berges (info prises sur le site ecologie.nature.free.fr). Son domaine vital s'étend sur environ 3 kilomètres de rivière pour 1 ou 1,5 individu au km². Il se nourrit de plantes herbacées, de feuilles et de rameaux. En hiver il se nourrit aussi d'écorces et d'aubier de bois tendres et peu tanniques (saules, peupliers, noisetiers..).
Les naissances se déroulent en juin, une femelle met bas 1 à 6 petits pour une moyenne de 3 (elle possède 4 mamelles). Les castors vivent en petits groupes de 5 à 6 sujets. Ils sont nocturnes ou crépusculaires, n'hibernent pas mais vivent au ralenti en hiver.
Un castor mesure 75 à 90 cm pour un poids de 15 à 38 kg, il vit à l'état sauvage 7 à 8 ans.
Son seul prédateur connu est le loup ou le trappeur canadien (non endémique à cette région du Morvan). Sans prédateur, il ne peut que prospérer sur ces zones rivulaires qui sont dans un quasi abandon.
En attendant je m’inquiète de cette présence, il serait judicieux que dans le domaine de la protection animale, les instances administratives fassent un zonage où la présence de ces bestioles serait ou non supportée. A trop vouloir redonner à la nature on en oublie un principe fondamental, l'homme vit de cette nature donc tous ses actes quels qu'ils soient auront forcément des conséquences sur la nature.
Alors castors ou Autunois, qui de ces deux espèces en voie de disparition aura droit de citer au bord de l'Arroux ? Je me pose vraiment la question parce que je ne suis malheureusement pas sûr de la réponse.
Merci à M. José Granado pour la première et la dernière photo qui illustrent cet article.
Père castor, père castor, raconte nous une histoire (générique d'un dession animé pour les tout petits).