Auparavant, au niveau de la protection de l'eau et des milieux aquatiques, les pêcheurs étaient les seuls à prendre conscience de l'importance de protéger la ressource. Durant de longues années ils ont hurlé dans la brume sans jamais être entendus, tous les autres utilisateurs se moquaient allègrement de la protection et déversaient toutes leurs cochonneries à l'eau.
Puis est venu l'avènement du principe de précaution et des mesures environnementales et là les particuliers, les entreprises, les communes, l'état et les services administratifs ont été obligés de se mettre « au vert ».
Comme d'habitude lorsque l'état demande 10 mesures à ses préfets, ces derniers se font un devoir d'en donner 11 et transmettent aux élus de terrain des consignes alourdies. Ces dernières consignes sont encore durcies lors de réunions de « comités de pilotages » où siègent des associations écolos qui n'ont pas la moindre idée de la réalité du terrain mais vivent dans une veille de guerre permanente ou leur seul leitmotiv est de durcir toutes les règles environnementales.
On en arrive aux aberrations sur la protection des captages d'eau. Ici on exproprie pour fermer des terrains par des grillages de deux mètres afin d'empêcher les bovins de déposer leurs bouses sur l'herbe et là on met en place des mesures qui n'ont aucune objectivité en regard de la réalité.
C'est ce qui se passe à Pannecière (520 ha dans la Nièvre), un superbe plan d'eau crée dans les années 50 sur le cours supérieur de l'Yonne pour réguler les crues de la Seine. Ce barrage est profond d'une quarantaine de mètres et la zone inondée (l'emprise maximum du lac) lorsque le lac est plein fait plus de 8 kilomètres de long.
Ce lac appartient à l'organisme « Les grands lacs de Seine » et sa gestion courante en est confiée par convention au Conseil Général de la Nièvre. Il contient (au plus haut) 82,5 millions de m3.
On peut depuis toujours (de mémoire de pêcheur) y pratiquer la pêche en barque avec un moteur thermique de 5 CV. Du fait d'un marnage important (presque 20 m) la plupart des pêcheurs stationnent leurs voitures sur le bord, dans l'emprise du lac. Il faut préciser que quelquefois, avec de faibles pentes, le lieu de pêche peut être éloigné de plus de 500 m de la voie d'accès.
Les carpistes, nombreux, locaux comme étrangers, apprécient beaucoup ce hot spot connu pour ses mémères et sa densité exceptionnelle en carpes.
Les pêcheurs de carnassiers viennent nombreux à l'automne et de toute la France pour y traquer le sandre, poisson emblématique de ce plan d'eau. L'open carnassier annuel organisé par l'AMC (Association Morvan Carnassier) rassemble environ 80 embarcations, ce qui en fait l'évènement pêche aux carnassiers le plus important de France en terme de fréquentation.
Ce plan d'eau accueille aussi plusieurs campings, quelques pédalos, des zones pavillonnaires de villégiature en bord de lac. Le village de CHAUMARD est situé tout contre le lac, il vit en grande partie du tourisme de la pêche.
Ce lac sert aussi depuis sa création à l'alimentation en eau. Les zones du Morvan ne disposent pas de nappes phréatiques et cette zone ne dispose pas de sources assez importantes pour prendre en charge les 4500 estivants qui dépendent de la compétence du SIAEPA (Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eaux Potables de Pannecière). Le reste de l'année ce sont 2400 habitants permanents qui s'alimentent en eaux.
Le point de captage principal se situe au niveau du barrage par 43 m de fond. A l'origine, il ne servait qu'à alimenter en eaux les baraquements des ouvriers du barrage. Puis par commodité, il fut mis à la disposition des 8 communes qui forment le syndicat.
Depuis 2005 et une loi imposant la protection de la ressource, le syndicat avait obligation de faire procéder à une étude d'impact concernant ce point de captage. Des démarches d'expertise ont donc été entamées avec un cabinet d'hydrogéologie depuis 2006. Le rapport a été rendu public en Janvier 2009.
Ce rapport prend en compte les 3 zones réglementaires à savoir le périmètre immédiat (zone entre le barrage et les bouées où aucune activité humaine n'est tolérée), le périmètre rapproché (l'emprise du lac en hautes eaux) et le bassin versant. Il préconise de multiples recommandations en rapport avec la protection de la ressource pour la consommation humaine. Vous pourrez lire copie de ces recommandations en annexe.
Contre la pêche, deux recommandations interpellent les pêcheurs :
L'interdiction de circulation ou la navigation à moteur sur l'emprise du lac et l'interdiction du camping sur cette même emprise.
Il faut savoir que ce rapport à déjà été implicitement approuvé lors du dernier comité de pilotage de captage d'eau départemental en préfecture et qu'à l'issue une procédure d'enquête publique a été lancée.
Celle ci se tient du 15 mars au 15 avril et est présidée par M. C. BRAIDY, architecte en retraite, Commissaire Enquêteur nommé par le Préfet. Le dossier complet est consultable dans les mairies adhérentes au SIAEPA (les 3 plus proches sont Corency, Chaumard et Montigny en Morvan) et le commissaire y effectuera des permanences afin d'écouter les remarques des personnes qui voudraient se faire connaître.
Plus de renseignements sur le site de la Préfecture de la Nièvre en cliquant ICI.
Si ce rapport est transmis en l'état, la prochaine réunion des instances administratives départementales statuera en fonction des recommandations du dit rapport et l'usage du moteur thermique sera interdit, le camping en biwi (pour nos collègues carpistes) de même et la circulation sur l'emprise le sera également. Concernant cette dernière, elle a toujours été interdite mais tolérée en raison des réalités du terrain. Il est impossible de dire à un pêcheur de se stationner au loin alors qu'aucun parking n'est aménagé.
Comment faire alors pour contester ce rapport et tenter d'infléchir les recommandations du Commissaire Enquêteur?
Nous pouvons tous signer la pétition de l'AMC, l'AAPPMA la Gaule Morvandelle et le Club Carpiste de Château Chinon qui lui sera remise la veille de la date de clôture de l'enquête mais nous pouvons aussi écrire à M. le Commissaire Enquêteur pour faire valoir nos arguments et lui donner l'avis éclairé des pêcheurs sur ce domaine.
C'est ce que je m'apprête à faire dans les jours à venir. Mon argumentation portera sur les thèmes suivants:
Vu le nombre d'heures d'usage des moteurs thermiques hors bords sur Pannecière, la pollution par les résidus de combustion est négligeable, d'autant que les moteurs modernes ont des normes de pollution très restrictives.
De nombreuses routes jouxtent l'emprise du lac et sont très empruntées, par des bus et des camions. Les résidus de combustion des véhicules terrestres se déposent sur l'asphalte et sont lessivés lors des pluies pour aller directement au lac.
Un jerrycan d'essence qui tomberait à l'eau ne polluerait pas plus qu'une batterie plomb acide de 100 amp de 25kg (Rappel le volume du lac est de 82,5 millions de m3 et le syndicat ne prélève annuellement que 160 000 m3 soir 0,2 %).
De nombreuses fosses sceptiques de riverains ne sont plus aux normes et les effluents se jettent directement dans le lac sans aucun contrôle.
Aucune pollution en hydrocarbure n'a été détectée et rendue publique sur le lac depuis des lustres (en outre les hydrocarbures flottent alors que le captage se trouverait à plus de 40 m de fond).
Naviguer à l'électrique sur un lac si grand et si soumis aux aléas climatique est dangereux.
Si la navigation au thermique est interdite prochainement (lors de la remise en eaux en 2012) les pêcheurs déserteront les lieux et de nombreux commerces et artisanats en pâtiront.
Si quelques lecteurs ont la volonté de défendre l'usage du thermique, merci d'adresser un courrier à M. le Commissaire Enquêteur, Mairie de CHAUMARD, le bourg, 58 120 CHAUMARD et ce avant la date du 15/04/11.
Voici donc le cas avéré et réel d'une atteinte à notre sport favori. Les pêcheurs, dans leur grande majorité sont des écophiles convaincus et ne manqueraient pas, grâce à leur rôle de vigie de la nature, d'alerter les autorités si une pollution était détectée. Je suis persuadé que les instances de la pêche mettraient tout en œuvre pour remédier à cette pollution.
Le principe de précaution qui semble prévaloir maintenant partout et sur tout, trouve là une nouvelle pierre d'achoppement.
Aujourd'hui ce sont les moteurs thermique que l'on veut interdire, demain pourquoi pas les électriques et le risque des batteries, les barques à cause des peintures, la pêche de loisir à cause du plomb.......?
Il est grand temps de se mobiliser, ne croyez vous pas ?
Tentez par votre action de garder la pêche !!!!
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Annexe: copie des recommandations du cabinet d'hydrogéologie:
- Servitudes et interdictions
Périmètre immédiat (rapport hydrogéologique janvier 2009)
Interdictions Rejet ou matière ou polluant (eaux usées, eaux pluviales, etc...} - Dépôt ou stockage de matériel
- Activité de loisirs
- Circulation en période de basses eaux
Périmètre rapproché (rapport hydrogéologique janvier 2009)
Interdictions :
- Le forage de puits et implantation de tout sondage ou captage, à l'exception de ceux nécessaire à l'entretien et à la gestion courante;
- L'ouverture de carrières ou de gravières et plus généralement de fouilles susceptibles de modifier le mode de circulation des eaux et leur sensibilité à la pollution
- Les entreprises artisanales ou industrielles relevant des iCPE ;
- Les bâtiments d'élevage et les dépôts de fumiers ;
- La construction d'installation collective de traitement des eaux usées d'origine
domestique ou industrielle ;
- La pratique ou création de camping et caravaning ;
- L'implantation de canalisations ou de stockage d'hydrocarbures;
- Les cimetières (création ou extension) ;
- L'épandage et stockage d'eaux usées, de lisiers, de purins, de fumiers, de matières fermentescibles, de matières de vidange, de boues de STEP ;
- Le défrichement, sauf besoin de gestion courante liée à l'entretien des abords de l'ouvrage ;
- L'utilisation de défoliants et d'une manière générale de pesticides et autres produits de traitement des cultures et espaces verts ;
- Le rejet d'eaux résiduaires, d'effluents d'élevage, d'eaux usées domestiques non traitées ;
- Toute circulation ou navigation de véhicule à moteur thermique;
- La circulation sur le barrage de véhicules de transport de matières dangereuse ;
Les mises à Peau se feront exclusivement aux endroits réservés à cet effet.
Les rejets des installations collectives de traitement des eaux usées domestiques des villages, écarts, terrains de camping ou de caravaning, riverains à la retenue seront limités autant faire se peut.
Prescriptions supplémentaires ajoutées par le comité de pilotage des captages du 24 mars 2009
Tout nouveau rejet d'eaux usées sera soumis à l'avis du conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CoDERST) ;
Les stations d'épuration existantes devront fournir une mesure de pollution tous les deux ans ;
Pendant la période de vidange du barrage, un suivi plus renforcé des stations d'épuration des eaux usées devra être mis en place.
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