Nous avons tous, inscrit dans notre inconscient, une limite psychologique pour ce qui concerne les prix de vente des matériels de pêche.
A titre personnel, ma limite pour les moulinets est restée très longtemps à 100 euros, ce qui est déjà pas mal mais elle a évolué en 2010 pour passer à 200 euros.
Pourquoi ? Je me suis posé la question sans y trouver aucune réponse argumentée, les choses évoluent c'est tout !
Désormais, la plupart d'entre nous (pêcheurs de carnassiers) sommes près à investir jusqu'à 200 ou 250 euros dans une canne et la même somme dans un moulinet. Cela correspond à du matériel haut de gamme et notre loisir devient un sport où il faut s'équiper. Pour autant ce n'est pas encore si cher que cela, je suis guitariste et le prix d'une guitare moyenne est dans ces eaux là.
Les fabricants l'ont bien compris et nous inondent de matériels high tech, carbone haut module....pour nous faire rêver. Ils savent que nos craqueront un jour devant la réputation, usurpée ou non, de canne fabuleuse ou de moulinets de rêve.
Puis, une fois l'ensemble en sa possession, on jubile durant un mois et on se calme, et l'on finit par loucher sur un autre modèle dédié à une autre technique......C'est sans fin, une véritable addiction.
A bien y réfléchir et après avoir écouté l'analyse d'un réalisateur de documentaires de pêche français officiant aux USA, nous avons pris le travers des japonais. Nous voulons du high tech pour nous démarquer du voisin et pour voir ce que cela fait de pêcher avec une bête de course. Mettre une super canne dans les mains d'un débutant ne lui donnera pas plus de sensation qu'avec une canne moyenne. Pour le super matériel, il faut une certaine expérience pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur.
Nos homologues canadiens et américains se soucient moins du matériel, ils veulent du robuste et du simple. Ils ne sont pas prêts à y mettre un prix fou comme nous.
Quand au japonais, c'est le royaume de la démesure. La pêche n'y est pas perçue comme un loisir en rapport avec la nature mais comme un véritable sport. Ce travers est arrivé des USA avec les compétitions de pêches retransmises en direct à la télé mais la course au matériel a atteint son sommet avec le Japon. Rappelons pourtant que tout ce qui viens du Japon n'est nippon ni mauvais !!!
Les moulinets sont un tout petit peu moins touchés par cette envolée que les cannes. Les pêcheurs sont moins enclins à investir des sommes folles dans un moulinet, cela leur paraît plus fragile, plus comme une pièce d'usure, donc il faut acheter de la qualité mais pas du top. Si certains s'offrent un Stella de Shimano ou un Exist Branzino de Daiwa, ils restent l'exception. La plupart se paieront un Stradic qui est déjà considéré comme la référence et la valeur sûre.
La majorité des pêcheurs actuels considèrent qu'il vaut mieux dépenser plus d'argent dans une canne que dans un moulinet. Je pense le contraire, je préfère un super moulinet à une super canne.
Cette évolution se retrouve aussi dans les équipements. Il y a 10 ans, auriez vous investit 17 euros dans un leurre ? Que nenni, il y a dix ans c'était cinq euros la limite. On achetait un Rapala ou deux par an, les leurres souples ne dépassaient pas les trois euros le sachet.
Regardons nous maintenant, j'achète bien 10 PN neufs par an et plus d'occas (dans ce cas ma limite fluctue en fonction de la renommé du leurre), les leurres souples vont de 7 euros le paquet pour des Reins à 14 euros pour des Mégabass ou des Sawamura...Si j'avais su avant que je serais prêt à dépenser autant d'argent pour des bestioles en plastique, j'aurai entamé une psychanalyse préventive.
Et pourtant, je suis comme beaucoup, j'en deviens amoureux des leurres et du matériel et certains leurres n'ont pas vu l'eau depuis leur achat.
Continuons sur la lancée avec les barques et l'électronique embarquée, les barques ont vu leurs tarifs augmenter, fini la barque à papa avec son banc en bois et ses rames, place au petit bass boat aménagé, équipé d'un sondeur avec Side imaging et moteur avant avec Ipilot.
Si bien entendu ça se vend, c'est que cette offre correspond à un besoin, besoin ou offre dont je suis l'involontaire porte parole en vous en parlant régulièrement.
Les dirigeants d'entreprise de nautisme avec qui j'ai parlé à Clermont m'ont quasi tous fait ressortir que le pêcheur actuel veut une barque toute prête, bien aménagée et qu'il rechigne à le faire lui même. Ils veulent une barque pour pêcher au leurre, une pêche active dans l'air du temps.
Nos pêcheurs ont un plus grand pouvoir d'achat ou considèrent que ce sport loisir vaut bien une sortie de vacances à la neige. Il est plus judicieux d'investir dans ce type de matériel qu'on utilisera régulièrement plutôt que dans du matériel de sport qui ne servira qu'une semaine ou deux.
Alors qu'avant, vers la quarantaine, une fois installé dans la vie, on s'offrait l'inévitable moto ou la berline neuve, on louche maintenant sur les barques de pêche. C'est à mes yeux un changement de mentalité qui s'opère sur le territoire français, le loisir prend plus de place que le positionnement social, encore qu'un bass boat en jette tout autant qu'une Porsche pour son propriétaire. Nous vivons un virage vers la civilisation des loisirs, très profitable aux marchands de tous bords.
Il est, dans la pêche, un mode qui lui n'a guère évolué et je le dénonce régulièrement. La pêche des carnassiers au posé est oubliée des innovations high tech et c'est peut être pas si mal que cela. Nos équipements pour la pêche au posé n'ont pas augmenté au contraire de ceux pour la pêche au leurre qui ont explosé.
Et pourtant il y a un marché, peut être est il déjà en préparation. Quand nous serons tous équipés leurres on nous fera miroiter les joies de l'attente devant une canne à vif et son bouchon, canne en carbone haut module Xmachin avec un super moulinet débrayable à 50 roulements. Pour l'heure la limite psychologique d'une ensemble pour le posé semble se stopper à 100 euros, pour un ensemble canne/moulinet mais vous verrez qu'un jour le posé redeviendra à la mode et nos fabricants trouveront un nouveau filon pour vivre de nos deniers.
De même on voit le prix des tresses doucement augmenter, au début on tiquait mais maintenant que l'on s'y est habitué on semble prêt à payer 30 euros pour une bobine qui se vendait 22 il n'y a pas si longtemps. Idem pour le fluorocarbone, qui si on examine son prix, semble fabriqué à base d'or ?
Alors qu'en penser, que devient notre limite psychologique ? Etes vous prêts à investir 400 euros dans un moulinet Shimano ou Daiwa qui n'est même pas le fleuron de la gamme, êtes vous prêt à dépenser 800 euros dans une canne Tenryu qui ne pêchera pas mieux qu'une à 150 euros. Tout est ensuite une question de pouvoir d'achat et de passion. La pêche échappe au raisonnable car elle titille notre imaginaire et l'on croira toujours qu'on prendra plus de poisson avec du meilleur matériel.
Que nous sommes bêtes pauvres humains, et que nos commerçants et fabricants sont malins !!!!
Gardez la pêche
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