En fouillant dans d'anciennes photos, je sus tombé sur celles ci. Voici Bebert, mon petit brochet que j'ai gardé presque un an en aquarium.
Récupéré lors d'une pêche d'étang, ce brocheton ne devait séjourner en aquarium que le temps de lui trouver un étang d'accueil mais sa compagnie étant si intéressante, j'ai décidé de le garder pour étudier l'animal et percer ses secrets.
Au début j'ai nourri ce brocheton de 6/8 cm au ver de terre, aux insectes divers. Il a passé l'hiver au garage dans une eau très froide et ne se nourrissait quasiment pas. Les photos datent de novembre 2004, je venais de l'adopter.
Le printemps arrivant je lui ai donné un vairon, le plus petit trouvé chez mon détaillant, il l'a croqué en un rien de temps. Plus l'eau se réchauffait plus il avait d'appétit, je lui ai donné jusqu' a trois vairons à la fois par semaine. En été, point culminant de sa gourmandise, il pouvait croquer et digérer un vif de 12 cm tous les 2 jours.
En septembre 2005, mesurant près de 35 cm pour un aquarium de 60 de long, j'ai décidé de lui redonner sa liberté dans l'étang familial. Je suppose qu'il a été braconné par les gamins du village, je ne l'ai jamais revu chasser, ni senti au bout d'une ligne. Sinon, il doit mesurer au bas mot 90 cm.
Au début Bebert était craintif et passait son temps à dormir, puis vint le moment ou il venait cueillir les vers de terre que je lui tendais au bout des doigts. Par la suite il venait prendre les vifs que je tenais mais seulement lorsque j'étais seul et que je me tenais devant l'aquarium depuis 10 minutes. Il était si vorace qu'il attaquait un doigt plongé dans l'eau.
Avoir à proximité un brochet pour examiner ses habitudes est riche d'enseignement. Lorsque Bebert était rassasié, rien ne pouvait le faire sortir de sa léthargie mais lorsqu'il avait faim, il se collait à la vitre et se déplaçait en même temps que moi, nageoires tremblantes, prêt à bondir.
Quelquefois, il ignorait superbement le vif avant de le croquer une heure plus tard. A cet égard le comportement du vif était révélateur. Placé dans l'aquarium, le vif était affolé par la vue du brocheton, il se calmait ensuite et nageai tranquillement jusqu'à sentir un changement, là il se calait derrière le filtre ou Bebert finissait par le déloger en force.
Comme quoi, à la pêche au vif, lorsque ca ne mord pas ce n'est pas forcément qu'il n'y a pas de brochet.
L'attaque d'un brochet est vraiment extraordinaire de rapidité, sa façon de retourner le vif pour l'avaler est aussi très intéressante. Même avec un vif super remuant, il arrivait à le retourner sans le lâcher.
Il avalait si goulument que les poissons bougeaient encore dans son estomac. Lorsque je suis passé à des vifs plus gros, il lui fallait parfois 10 minutes pour l'avaler en entier. Sa mâchoire pouvait se distendre ainsi que son estomac, c'était quelquefois très impressionnant. Il déchiquetait les petites écrevisses américaines que je lui donnais à l'apéro.
Lorsque je l'ai relâché (Patoche pourrait en témoigner, il était là) mon Bebert s'est tourné vers moi et s'est calé au raz de la berge, nez presque dans mes chaussures. Il ne voulait pas partir. Il me regardait et devait se demander ce qui se passait. Il a fallut que je lui envoie une chiquenaude pour le faire s'en aller vers son nouveau domaine.
J'espère qu'il aura eu une chouette vie mon brocheton.